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- Štěkaldla našeho pudla
Štěkadla našeho pudla ( Nos aboiements de caniche ) de Josef Foltýn (1879-1941) et illustré par Josef Lada (1887-1957), éditions Adolf Synek, 1930. Il y a quelque temps, en me rendant à la Maison du Père Castor, médiathèque et fonds d'archives du Père Castor, par la rue Roule Galette, j'ai été invitée par Roxane Steckerman à mener des recherches sur l'influence de Lida Durdíková, épouse de Paul Faucher, et de František Bakule, pédagogue tchécoslovaque, sur la création de cette maison d'édition. J'en parlerai plus tard, mais ailleurs. Alertée par la conservatrice d'un fonds non traité d'ouvrages tchèques pour enfants de l'entre-deux-guerres, j'ai eu la surprise et l'émotion de découvrir des premières éditions de Josef Lada. Cœur battant, mains moites, yeux émerveillés, je n'ai pu m'empêcher de référencer ces trésors et de signaler leur préciosité. L'un des ouvrages, très abîmé, présente des pages cornées, pliées, des agrafes rouillées, un papier friable — un vrai casse-tête à manipuler. Avec précaution, j'ai pris quelques clichés. Ce livre appartient à une série, mais c'est ici de Štěkaldla našeho pudla (Nos aboiements de caniche) qu'il sera question. Écrit par Josef Foltýn (1879-1941) et illustré par Josef Lada (1887-1957), L'univers de Lada regorge d'interactions entre humains et animaux. Ses illustrations font penser à des gens dont les animaux imitent la façon de vivre, le métier ou le travail, mais toujours en fonction de ce que les jeunes lecteurs connaissent de leur quotidien. Cet entrelacement naturel entre ces deux mondes est au cœur de son humour1. Pour les tout-petits, il conçoit des scènes simples, facilement identifiables, exploitant le folklore visuel et l'oralité de la langue tchèque, si propice aux jeux de rimes. Conscient qu'"un enfant aime tout ce qui est vivant, bouge et fait du bruit"1, Lada met en scène des images dynamiques qui suscitent l'imagination et l'interprétation d'une intrigue. La période entre 1923 et 1935 est considérée comme la plus fructueuse de son travail pour les enfants. En 1930, Štěkadla našeho pudla adopte une mise en page originale, alternant une histoire à gauche et des comptines illustrées à droite. Josef Lada donne vie à ces comptines en mettant en scène des animaux aux postures humaines : une fanfare menée par un bouc et des chiens, un cheval tirant une brouette… Ces actions empruntées au monde des humains, interprétées par des animaux, créent un univers joyeux et familier, parfaitement adapté à l’imaginaire des enfants. On perçoit le style de Josef Lada dans cet album grâce à son esthétique épurée et expressive. Ses dessins se caractérisent par des traits noirs nets et des couleurs en aplats, conférant à cette œuvre une lisibilité et une vivacité particulières. Peu de perspectives elles sont volontairement simplifiées, presque naïves, renforce le charme de ses illustrations en leur donnant un aspect accessible et intemporel. Lada intègre également de nombreux motifs folkloriques – fleurs, soleils, et autres ornements – et le paysage tchèque et ses maisonnées qui ancrent son travail dans l’imaginaire populaire tchèque. Puisant son inspiration dans les traditions rurales, il représente des scènes de la vie quotidienne où se mêlent nature, animaux et personnages typiques du folklore. Ce mélange unique de simplicité, de chaleur et de symbolisme fait de son œuvre un héritage visuel unique, reconnaissable et inestimable. Ce format hésite encore, tâtonne, à une époque où Lada développe des histoires séquentielles préfigurant la bande dessinée2. Issu d'un milieu modeste, Josef Lada, jeune paysan venu à Prague en tant qu'apprenti imprimeur, a toujours dessiné. Il réussit le concours d'entrée à une école de dessin, mais faute de moyens, ne peut poursuivre ses études. l'École des Arts Appliqués de Prague (1906). Obstiné, il rejoint dans les années 1920 la rubrique "Le coin des enfants" du Lidové Noviny, où il rencontre les frères Čapek et Ondřej Sekora. Une émulation créative s'installe entre eux. Pour vivre, il faut produire, et vite. Son travail, nourri d'amour pour la culture tchèque, le folklore et la campagne, évolue d'une influence Art Nouveau vers un trait plus percutant et efficace.L'absence de profondeur dans ses illustrations ne résulte pas, comme on le croit parfois, de la perte de son œil droit dans son enfance, mais d'une volonté d'immédiateté et de lisibilité proche du dessin de presse. Ses images intègrent des éléments décoratifs — fleurs, lune, soleil, champignons — typiques de l'artisanat tchèque. Lada puise dans la tradition — contes, comptines, chansons — un univers sonore et rythmé. Il crée des situations cocasses et joyeuses, parlant aux enfants non pour leur faire la leçon, mais pour révéler la beauté et l'humour de leur monde. Pour les tout-petits, il conçoit des scènes simples, facilement identifiables, exploitant le folklore visuel et l'oralité de la langue tchèque, si propice aux jeux de rimes. Figure incontournable de l'avant-guerre, Josef Lada a su forger pour la jeune Tchécoslovaquie un art où tradition, folklore et modernité se mêlent sur un ton joyeux et toujours empreint de douceur et d'humour. Avec ses animaux bavards et ses scènes animées, il a offert aux jeunes lecteurs bien plus qu'un imaginaire : une véritable voix. Qui est toujours d’actualité. 1 - Ladova ilustrace J. A Novotný, éditions Československých výtvarných umělců, 1957. 2- Dějiny československého komiksu 20. století, tome 1 p77. En bref sur l'auteur : Josef Lada (1887-1957) – Illustrateur, Peintre et Auteur Tchèque Josef Lada est une figure incontournable de l’illustration tchèque, reconnu pour ses dessins aux lignes épurées et aux couleurs vives, inspirés du folklore et des traditions populaires. Son travail a profondément influencé la littérature jeunesse et la culture visuelle du XXe siècle. Jeunesse et Formation Né le 17 décembre 1887 à Hrusice, un petit village proche de Prague, Josef Lada grandit dans un milieu modeste. Dès son plus jeune âge, il manifeste un talent pour le dessin. Un accident survenu durant son enfance lui fait perdre un œil, ce qui influencera sa vision artistique, caractérisée par des perspectives aplaties et des compositions claires. En 1906, il intègre brièvement l'École des Arts Appliqués de Prague, mais des contraintes financières l’obligent à abandonner ses études. Autodidacte, il affine son style, initialement inspiré par l’Art Nouveau, avant d’adopter une approche plus minimaliste et accessible, proche de la "ligne claire". Carrière et Œuvre Josef Lada commence sa carrière en illustrant des revues humoristiques telles que Švanda dudák (1905), Neruda , Humoristické listy et Kopřivy . Il devient rapidement un illustrateur prolifique, collaborant avec de nombreux journaux et magazines. En 1910, il publie son premier livre pour enfants, Moje Abeceda . Après la Première Guerre mondiale, il se spécialise dans l’illustration jeunesse et la bande dessinée. Parmi ses œuvres les plus remarquables, on retrouve : · Dobrodružství pana Myope ( Les Aventures de M. Myope , 1905) · Frantík Vovísek a koza Bobeš ( Les Blagues spirituelles de Frantík Vovísek et de la chèvre Bobeš , 1922-1923) · Dobrodružství Tondy Čutála ( Les Aventures de Tonny Casse-cou , 1928) · Tonda - jeden z nás ( Tonda – l’un de nous , années 1930) · Dobrodružství psa Kuldíka ( Les Aventures du chien Kuldík ) En parallèle, il illustre de nombreux contes et comptines populaires tècheques, mettant en scène des animaux et des personnages humanisés, dans des compositions pleines d’humour et de vivacité. Dans les années 1930, il publie des albums illustrés comme Štěkadla našeho pudla ( Nos aboiements de caniche , 1930) et des séries pédagogiques comme Veselé učebnice , qui facilitent l’apprentissage des enfants. Illustrateur de Švejk Josef Lada est mondialement connu pour ses illustrations du roman Les Aventures du brave soldat Švejk de Jaroslav Hašek, publié en 1923. Ses dessins, pleins d’ironie et de simplicité, ont contribué à définir l’image iconique du personnage et demeurent une référence majeure dans l’histoire de l’illustration tchèque. Style et Héritage Le style de Josef Lada se distingue par : · Des traits noirs nets et des couleurs en aplats · Une perspective simplifiée, presque naive · L’intégration de motifs folkloriques (fleurs, soleils, lunes, etc.) · Une profonde inspiration du folklore et des traditions rurales tchèques Sa fille, Alena Ladová (1925-1992), également illustratrice, a poursuivi son œuvre et travaillé à ses côtés après la Seconde Guerre mondiale. Josef Lada s’éteint le 14 décembre 1957 à Prague. Son influence perdure, notamment dans la littérature jeunesse et l’illustration tchèque. Ses dessins restent aujourd’hui un symbole fort de l'identité visuelle de son pays, perpétuant son héritage artistique et culturel.
- Malá vánoční povídka
Malá vánoční povídka (Une petite histoire de Noël) de Ludvík Aškenazy, illustré par Hana Štěpánová, éditions SNDK 1966. Je ne trouve que très peu d’informations sur Hana Štěpánová. Ce que je peux confirmer, c’est qu’elle est née en 1934 et qu’elle était l’épouse de Bohumil Štěpán, un illustrateur et collagiste dont j’ai déjà parlé dans un précédent post. Je suis profondément attristé de découvrir si tard son travail, et de réaliser que sa reconnaissance semble encore trop limitée. En 2019, j’ai eu la chance de la rencontrer à la galerie L’Atelier d’Artiste, située dans le 6ᵉ arrondissement de Paris, à l’occasion d’une exposition consacrée aux collages de son mari. Nous avons discuté un moment, mais, ne connaissant pas encore son œuvre, je n’ai évoqué que les réalisations de Bohumil Štěpán. Quelle tristesse, rétrospectivement, de savoir que j’ai échangé avec une artiste aussi talentueuse sans pouvoir lui parler de son propre travail ! Hana Štěpánová est restée dans l’ombre de son mari, bien que son talent mérite une reconnaissance à part entière. Elle a souvent collaboré au graphisme des ouvrages de Bohumil Štěpán, mais elle était également une collagiste accomplie et a réaliséen Tchécoslovaquie les illustrations de six livres pour enfants entre 1964 et 1969. Ces ouvrages portent la marque d’un style unique et poétique, où se mêlent modernité et une certaine nostalgie propre à l’époque. Il est probable que la fuite du couple Štěpán en Allemagne, suite aux répressions du Printemps de Prague en 1968, ait contribué à limiter la diffusion de son travail. Pourtant, ses créations méritent d’être redécouvertes. Parmi ses réalisations, on peut citer Malá vánoční povídka de Ludvík Aškenazy, publié par les éditions SNDK en 1966. Ce livre raconte une histoire touchante et burlesque où l’on suit Jakub, un enfant perdu, accompagné d’une carpe qui parle, d’un sapin de Noël, et même d’un diable. Le récit mêle des éléments absurdes et fantaisistes, tout en offrant une réflexion désuète mais sincère sur l’esprit de Noël. Les illustrations de Štěpánová renforcent cet aspect intemporel et enchanteur. Avec un jeu de traits réalisés au feutre, elle met en avant uniquement les personnages principaux. Les figures fantasques et mythiques sont habilement représentées par des aplats de couleurs vives, qui évoquent peut-être des collages. Cette approche confère à l'ensemble un caractère visuel très distinctif, ajoutant une dimension onirique qui s’harmonise délicieusement avec l’esprit de l’histoire. Les pages de garde, quant à elles, viennent sublimer l’expérience de lecture. Elles amorcent et concluent l’histoire avec un sens du détail plein de charme. L’histoire débute par une scène touchante où des parents, empreints de tristesse, pleurent la disparition de leur enfant. Elle se conclut, en écho, sur une image empreinte de joie, où les mêmes parents retrouvent leur enfant, réunis dans une scène heureuse et chaleureuse. Ces pages de garde ne se contentent pas d’encadrer l’histoire : elles en amplifient la résonance émotionnelle, offrant un cadre narratif aussi subtil que poignant. Redécouvrir Hana Štěpánová pour rendre hommage à une illustratrice de talent dont l’œuvre mérite de sortir de l’ombre de son célèbre époux. Je pars à la recherche d’informations et des 5 autres livres et je reviendrai vers vous.
- Praštěné pohádky.
Praštěné pohádky (Contes de fées loufoques), de Ludvík Aškenazy, illustré par Bohumil Štěpán, graphiste Zdeněk Mlčoch, éd. SNDK, Prague 1965. P 148, 56 illustrations et pages de garde. Artiste, collagiste, humoriste, affichiste et illustrateur, Bohumil Štěpán a peu travaillé pour l’illustration jeunesse. Pour l’instant, je n’ai référencé que trois livres jeunesse, dont le Voyage de Gulliver (Odeon, 1968) dont je parlerai une autre fois. Praštěné pohádky est le parfait exemple d’une décontraction graphique mise à la portée des enfants et des adultes. Si l’influence surréaliste est prégnante dans le travail de Bohumil Štěpán, il y a aussi de l’air du temps, un peu de Saul Steinberg dans son dessin à l’encre et la manière de jouer avec le blanc de la page et les collages. Bohumil a de l’humour, il sait jouer sur les proportions des personnages, des animaux et des objets : l’éléphant en laisse, un visage apparaît sur une enveloppe, un citron fait pipi dans un verre. Il joue du dessin et du collage de façon subtile et légère, il détourne avec malice les objets, fruits et légumes en les personnalisant et pose par là même une touche d’humour. Le petit jeu de cadavre exquis en fin de livre, collages, dessins et constructions aléatoires participent au récit ! Pépite ! En bref sur l’auteur : Bohumil Štěpán (1913-1985), artiste, collagiste, affichiste, illustrateur et humoriste, né en 1913 à Křivoklát (Bohême), Bohumil Štěpán étudie à l'École des Beaux-Arts d'Ukraine et à l'École d'Arts Graphiques Rotter à Prague. Pendant l'entre-deux-guerres, Prague est un centre majeur de l'avant-garde et du surréalisme en Europe, en lien étroit avec les surréalistes français, ce qui influence le jeune artiste. En 1948, avec la prise de pouvoir des communistes à Prague, Štěpán travaille pour la propagande communiste et comme caricaturiste pour la revue humoristique Dikobraz. Il réalise des affiches de propagande et de cinéma. Les années 1960 marquent une période de libération sociale et politique qui culmine avec le Printemps de Prague en 1968. Štěpán dessine des affiches de films, mélangeant dessins et collages. Il réalise en 1964 l’affiche pour le film Limonádový Joe. Il publie aussi dans des revues satiriques et littéraires. Il illustre des romans tels que La Jument Verte de Marcel Aymé et Les Voyages de Gulliver. Il expose à Zürich, Vienne et Hambourg, restant influencé par le surréalisme. En 1968, il publie Galerie, un livre de collages érotiques et surréalistes, mis en page par son épouse Hana Štěpánová (illustratrice). Le Printemps de Prague est écrasé en août 1968 par l'invasion soviétique, ramenant la censure. Lors d'une exposition à Berlin-Est, ses œuvres sont piétinées par les censeurs. En 1969, Hana et Bohumil s'enfuient et s'installent à Munich. Štěpán travaille comme illustrateur et caricaturiste, publiant plusieurs ouvrages monographiques. Il meurt en 1985 à Munich où sa veuve Hana vit toujours. En bref sur le graphiste : Zdeněk Mlčoch, 1921-1995, artiste, graphiste, éditeur et illustrateur. Né en 1921 à Nová Dědina, Zdeněk étudie d'abord sous la direction de Karel Langer à l’école des Arts appliqués de Brno, puis à partir de 1943, il poursuit ses études à l'École des arts appliqués de Prague, ou à partir de 1945 à l'Université des Arts Appliqués de Prague sous la direction des professeurs Antonín Pospíšil et Karel Svolinský. À partir de 1950, il travaille comme éditeur et graphiste à la Maison d'édition SNDK (plus tard la Maison d'édition Albatros à Prague). En tant que membre du groupe artistique Radar (entre 1959 et 1970), il traite des thèmes de la civilisation moderne. Au début de son travail graphique, il se concentre sur la gravure sur bois et la pointe sèche, puis sur la lithographie en couleurs et la peinture. Cependant, sa principale discipline artistique est l’illustration, notamment les livres pour enfants. Il illustre plus d’une trentaine de livres pour enfants.
- Procházka po městě - Jan Kubíček
Procházka po městě (Promenade dans la ville), Hana Doškočilová, illustré par Jan Kubíček (1927-2013), éditions Albatros, 1974. Cet ouvrage est une pépite graphique et technique ; si « la perspective colle aux pages », dixit Bastien Contraire, ici elle fait preuve d’une grande ingéniosité supplémentaire. La perspective crée l’histoire et permet à la ville de se dérouler devant nos yeux. Ma boîte à photos n’étant pas assez grande, l’aperçu photo n’est pas idéal. Jan Kubíček illustre en 1974 Procházka po městě. Ce livre ne comporte que trois pages, dont deux composées de volets (cadavres exquis) qui se rabattent pour envisager différentes perspectives. Deux des pages sont également des pages doubles rabattables, offrant ainsi une vision sur quatre pages ouvertes. Tout fonctionne et donne à cet ouvrage une dynamique folle, permettant, dans une cohérence extrême, de composer des paysages et de traverser cette ville, du bord du fleuve à la gare, en passant par le café, le cinéma, la librairie, le primeur et le centre commercial Prior. On aperçoit au loin l’usine, partie intégrante de la ville, soulignant ce besoin de placer la fonction travail comme essentielle à la vie. Une belle touche communiste. L’abstraction et la géométrie sont poussées à leurs extrêmes, tout en restant en parfaite cohérence narrative visuelle. Pour l’instant, j’ai trouvé peu de livres de cet artiste aussi réussis ; il a illustré une quarantaine de livres pour enfants. En 1974, il avait déjà illustré 24 ouvrages¹, la plupart destinés aux enfants. Des mini comptines et poèmes sont apposés sur la couverture et la quatrième de couverture, accompagnant le tout de manière malicieuse. Une pépite ! ¹ Données : Moravská zemská knihovna. En bref sur l'artiste : Jan Kubíček (1927-2013) est un peintre, photographe, graphiste et illustrateur tchéque. Diplômé des arts appliqués de Prague en 1953, il étudie la scénographie à l'Académie des arts du spectacle de Prague jusqu'en 1957. Représentant radical de l'art constructiviste et concret en Europe centrale, il illustre de nombreux livres pour enfants tout en réalisant des constructions en plexiglas. Kubíček participe à des expositions en Tchécoslovaquie et à l'étranger, notamment à Tokyo, Francfort-sur-le-Main, Cracovie et Chicago. Il reçoit des récompenses pour ses illustrations, dont une médaille de bronze à Barcelone en 1968, et ses œuvres sont primées au concours des Plus Beaux Livres de la Tchécoslovaquie en 1980 et 1981. Après ses études, il explore des thèmes tels que la ville comme nature humaine artificielle et la dynamique de l'écriture comme phénomène artistique. Son travail se concentre sur l'illustration pour les enfants, où il crée des livres de coloriage à visée pédagogique, des livres jouets et des marionnettes, en mettant l'accent sur la clarté, la pureté des formes et une approche active des enfants. Depuis le début des années 60, son style constructiviste se manifeste par une clarté d’esprit, une variabilité dynamique et une logique constructive dans ses illustrations. Son apogée artistique se trouve dans ses illustrations des années 80, où il utilise des compositions colorées et variées, notamment dans les contes de Pouchkine et les livres de Věra Provazníková. Ses œuvres enrichissent la perception des enfants et les aident à développer des normes esthétiques et éthiques, tout en favorisant une compréhension artistique du monde qui les entoure. Source : Čeští ilustrátoří v současně pro děti a mládež, František Holešovsý, Albatros 1989, Pages de 187 à 190.
- Náš Dům
Náš Dům (Notre maison), de Pavel Šrut (1940-2018) illustré par Jan Kubíček (1927-2013), graphisme de Jindřich Kovařík (1928-2019), éditions Albatros Náš Dům (Notre maison), de Pavel Šrut (1940-2018), illustré par Jan Kubíček (1927-2013), graphisme de Jindřich Kovařík (1928-2019), éditions Albatros 1977. Il est assez rare de trouver des livres en cartons en bon état. Destinés aux tout-petits, ils sont souvent mâchouillés, dépiautés et/ou déchirés. Lors de ma dernière visite, j’ai trouvé celui-ci : Náš Dům (Notre maison) , un petit délice graphique, une abstraction saturée. J’ai déjà évoqué le travail de Jan Kubíček dans un précédent post : un travail tout en géométrie joyeuse et élégante, avec une utilisation d’espace blanc qui apporte de la respiration au dessin. Il dessine une maison idéale, avec ses petits rideaux aux fenêtres. Le petit encart, en bas à droite, invite le lecteur à tourner la page pour entrer dans cette maison moderne et venir jouer avec les habitants : papa, maman, les deux enfants, grand-mère, le chien et le chat. De l’extérieur à l’intérieur, en passant par chaque pièce de vie : l’entrée où l’on quitte ses chaussures, les toilettes, la salle de bain, la salle à manger, la cuisine, le salon, le bureau, les chambres des enfants et le jardin extérieur. Dès la couverture, une organisation hétéronormée reflète l’époque : maman s’occupe des fleurs, cuisine et lit aussi. Le papa travaille ; il écrit. Mais ils s’occupent ensemble du jardin. Les enfants jouent, révisent, font leurs devoirs. Grand-mère habite avec eux ; elle aime lire de vieux romans sur le banc du jardin l’après-midi. Dans la maison idéale, il ne manque rien… Cependant, cet ouvrage représente tous les objets et actions du quotidien, permettant ainsi aux enfants d’enrichir leur vocabulaire. Des numéros, de 1 à 14, sont disséminés dans les pages : le numéro 1, assez clair, indique le garage ; le 3, les toilettes ; le 4, la salle de bain ; le 5, l’entrée. Certains numéros, en revanche, restent plus mystérieux. Aucune règle n’est énoncée. En bref sur l'artiste : Jan Kubíček (1927-2013) est un peintre, photographe, graphiste et illustrateur tchéque. Diplômé des arts appliqués de Prague en 1953, il étudie la scénographie à l'Académie des arts du spectacle de Prague jusqu'en 1957. Représentant radical de l'art constructiviste et concret en Europe centrale, il illustre de nombreux livres pour enfants tout en réalisant des constructions en plexiglas. Kubíček participe à des expositions en Tchécoslovaquie et à l'étranger, notamment à Tokyo, Francfort-sur-le-Main, Cracovie et Chicago. Il reçoit des récompenses pour ses illustrations, dont une médaille de bronze à Barcelone en 1968, et ses œuvres sont primées au concours des Plus Beaux Livres de la Tchécoslovaquie en 1980 et 1981. Après ses études, il explore des thèmes tels que la ville comme nature humaine artificielle et la dynamique de l'écriture comme phénomène artistique. Son travail se concentre sur l'illustration pour les enfants, où il crée des livres de coloriage à visée pédagogique, des livres jouets et des marionnettes, en mettant l'accent sur la clarté, la pureté des formes et une approche active des enfants. Depuis le début des années 60, son style constructiviste se manifeste par une clarté d’esprit, une variabilité dynamique et une logique constructive dans ses illustrations. Son apogée artistique se trouve dans ses illustrations des années 80, où il utilise des compositions colorées et variées, notamment dans les contes de Pouchkine et les livres de Věra Provazníková. Ses œuvres enrichissent la perception des enfants et les aident à développer des normes esthétiques et éthiques, tout en favorisant une compréhension artistique du monde qui les entoure. Source : Čeští ilustrátoří v současně pro děti a mládež, František Holešovsý, Albatros 1989, Pages de 187 à 190.
- Voda z dračí studánky
Voda z dračí studánky (L'Eau de la source du dragon) de Vojtech Martínek, avec des illustrations et un graphisme de František Bělohlávek (1924-2019), 151 pages, éditions Profil, Ostrava, 1969 (2ème édition) En parcourant ma bibliothèque de livres tchèques, je constate que les ouvrages qui me marquent le plus sont pour la plupart créés par des artistes qui semblaient y trouver avant tout un moyen de subsistance. Produits durant la période communiste, ces livres pour enfants sont devenus un espace de liberté artistique qui me fascine. Pourtant, cette époque reste douloureuse : souvent, une grande qualité graphique accompagne des textes de propagande ou des messages si contrôlés, sans rien qui dépasse, qu’il paraît presque insensé d’avoir publié des œuvres au graphisme aussi libre et créatif. D’un côté, on bride les textes, on enferme la pensée ; de l’autre, on confie les illustrations aux meilleurs artistes pour offrir aux enfants un univers graphique d’une immense richesse. Souvent, ces artistes n’ont illustré que quelques livres. Certains y ont fait carrière mais s’arrêtent à la chute du mur, revenant à leur art personnel, comme si cette aventure leur avait coûté trop cher. Voda z dračí studánky fait partie de ces ouvrages. František Bělohlávek a peu illustré pour la jeunesse ; pour l’instant, je n’ai référencé que deux de ses ouvrages pour enfants, publiés entre 1965 et 1969, dont celui-ci, une deuxième édition avec une couverture moins frappante que la première. Son approche de l’illustration est méthodique : les symboles et éléments sont stylisés avec précision, dans un travail de pochoir, de découpage de l’encre et de bichromie. Entre motifs héraldiques et références folkloriques, le thème est clairement posé. L’utilisation de la double page structure le récit en deux parties, chaque dessin répondant à l’autre pour poser les éléments essentiels de la narration. Le décor s’installe ainsi comme des isotypes folkloriques dont les formes frappent le regard. Les couleurs récurrentes, le noir et le rouge, sont fortes et imposent le cadre du conte. Elles marquent aussi la noirceur et la violence de cette histoire. En bref sur l’auteur : František Bělohlávek (11 mai 1924, Nový Rychnov – 1er février 2019, Olomouc) peintre, graphiste, affichiste et illustrateur, artiste en arts appliqués et professeur d'université tchèque reconnu pour son influence dans le graphisme et l'illustration en Tchécoslovaquie et au-delà. Il suit une formation artistique au Département d'éducation artistique de la Faculté de pédagogie de l'Université Charles de 1952 à 1955, sous la tutelle de Cyril Bouda. Sa jeunesse est marquée par des épreuves, dont des travaux forcés en Allemagne et une détention dans le camp de concentration de Dachau. Dès 1951, il rejoint le département d'éducation artistique de l’Université Palacký à Olomouc, où il enseigna durant huit ans avant de se consacrer pleinement à son travail artistique en indépendant. František Bělohlávek s’illustre particulièrement dans le domaine de l'illustration et du graphisme. Sa pratique artistique comprenait une vaste production d’affiches, de couvertures de livres, de mises en page, et d’ex-libris, avec une esthétique marquée par une modernité graphique audacieuse. Il a abordé un éventail de thèmes, passant de sujets politiques aux illustrations culturelles et commerciales. Ses affiches, créées notamment pour des événements culturels et des expositions, se distinguaient par un style visuel épuré et géométrique qui reflétait les courants avant-gardistes tout en restant accessible. Dans le domaine des couvertures de livres et de la typographie, Bělohlávek sait intégrer un graphisme soigné qui met en valeur le texte tout en créant un impact visuel fort. Ses mises en page sont rigoureusement conçues pour allier l'efficacité visuelle et l’esthétique, répondant aux exigences de l'édition tout en démontrant une maîtrise de la composition. Il conçoit des illustrations pour des livres aux genres variés, de la littérature pour enfants à des ouvrages de sciences humaines, adoptant des techniques et des styles adaptés au sujet pour captiver différents publics. En parallèle de son activité d'illustrateur et de graphiste, Bělohlávek développe des projets dans les arts appliqués et les arts architecturaux, créant notamment des tapisseries, des mosaïques, et des enseignes pour des bâtiments. Ces œuvres de grande échelle témoignent de sa capacité à transposer son talent graphique dans des formats architecturaux, enrichissant ainsi l’espace public et les intérieurs. Il commence à exposer ses œuvres en solo dès 1967 en République tchèque, en Italie et en Allemagne, et participe à des expositions collectives dès 1959 dans des pays aussi divers que la Pologne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Russie, le Japon et les États-Unis. Ses œuvres sont présentes dans des collections prestigieuses, dont celles du Musée des arts décoratifs de Prague, de la Galerie morave de Brno, du Musée d'art d'Olomouc, et de nombreuses collections privées. Son impact dans le domaine du design graphique est salué par plusieurs distinctions, notamment le 3e prix de la Biennale de l’Art Graphique Appliqué de Brno en 1963 pour le design d’une affiche politique . Tout au long de sa carrière, František Bělohlávek a été membre de nombreux collectifs artistiques, notamment le groupe "Radar", l'Union des artistes tchécoslovaques, l'Union des artistes tchèques, et l'Union des artistes d'Olomouc, où il a œuvré à la promotion et à l'évolution du design graphique en République tchèque. source : BALEKA, Jan. František Bělohlávek. 1. vyd. Ostrava: Profil, 1971
- Lupiči a Čárytužka
Lupiči a Čárytužka , (Les Voleurs et le Crayon Magique) écrit par Jurij Michajlovič Družkov (1927-1983 ) illustré par Miroslav Štěpánek, (1923-2005), graphisme de Milan Grygar (1926), 158 pages, éditions Svět Sovětů, 1967. Lupiči a Čárytužka , écrit par Jurij Michajlovič Družkov (1927-1983 ) illustré par Miroslav Štěpánek, (1923-2005), graphisme de Milan Grygar (1926), éditions Svět Sovětů, 1967. Je ne vais pas m’étendre sur cet ouvrage ni sur l’œuvre de Miroslav Štěpánek (1923–2005), marionnettiste, scénographe, graphiste, illustrateur et animateur de films d’animation renommé. J’ai pu répertorier cinq de ses créations, mais je n’ai eu accès qu’à deux d’entre elles, dont celle-ci. Toutefois, mon propos ici portera principalement sur la maison d’édition Svět sovětů, un sujet qui me semble pertinent compte tenu du contexte historique. Cette maison d’édition est née en 1948, l’année de la prise de pouvoir par les communistes en Tchécoslovaquie. À cette période, de nombreuses maisons d'édition ont été nationalisées, reflétant la mise en place du contrôle étatique sur les médias et la culture. Svět sovětů s’inscrivait dans cette dynamique, avec pour objectif de promouvoir les valeurs et l’image de l’Union soviétique à travers la publication de livres, tant pour adultes que pour enfants. Je me concentre ici sur quelques éléments glanés à propos des publications pour enfants issues de cette maison d’édition. Ces ouvrages, souvent sous forme de brochures ou de petits livres illustrés, visaient à transmettre des messages idéologiques adaptés à un jeune public, tout en faisant découvrir la richesse culturelle des peuples soviétiques. On y retrouvait des contes populaires russes, géorgiens ou ukrainiens, souvent traduits directement des langues d’origine. Bien que rares dans les plans éditoriaux, certains de ces livres pour enfants furent publiés à plusieurs reprises, témoignant d'une certaine popularité. Maison d'édition de l'Union d'amitié tchécoslovaque-soviétique : De la vulgarisation à la littérature de fiction1. La maison d'édition Svět sovětů (1948–1968), axée initialement sur la vulgarisation et la propagande en faveur de l'Union soviétique, devient en 1968 Lidové nakladatelství, avant de cesser ses activités en 1992.La fondation de la maison d'édition est précédée par les activités éditoriales de l'Union des amis de l'URSS, créée en 1931, qui reprend ses fonctions politico-éducatives dès 1945. En plus d'organiser des conférences et des expositions, cette organisation publie l'hebdomadaire Svět sovětů et diverses publications non périodiques pour promouvoir l'Union soviétique. En février 1948, l'Union des amis de l'URSS fusionne avec la Société pour les relations culturelles et économiques avec l'URSS (fondée en 1925), formant ainsi l'Union d'amitié tchécoslovaque-soviétique (SČSP). C’est dans ce cadre que la maison d'édition Svět sovětů voit le jour en septembre 1948, avec pour mission de publier des ouvrages scientifiques, populaires et des œuvres de fiction d'auteurs soviétiques.En septembre 1951, le statut de la maison d'édition est officiellement approuvé, la rendant entreprise directe de l'Union d'amitié tchécoslovaque-soviétique. En 1968, elle change de nom pour devenir Lidové nakladatelství (LN). Dans les années 1980, Lidové nakladatelství fait face à une désintégration du marché du livre et aux limites de son orientation éditoriale. Elle tente, sans succès, de s’émanciper de l’influence du Comité central de l'Union d'amitié tchécoslovaque-soviétique. En mai 1992, la maison cesse effectivement ses activités, bien qu’un dernier ouvrage soit publié en 1993. L'entreprise est officiellement dissoute en 2002. Durant ses plus de quarante ans d'existence, la maison d’édition collabore avec d'importants graphistes2 et illustrateurs3, parmi lesquels Eva Bednářová, Adolf Born, Albín Brunovský, Vladimír Fuka, et Jaroslav Šerých. Ces artistes apportent leur contribution aux nombreuses publications de Svět sovětů et de Lidové nakladatelství. Au total, plus de 2 500 titres sont publiés, dont 1 200 par Svět sovětů jusqu'en 1968. La maison d'édition dispose également de son propre réseau de librairies, dont la principale est située à Prague avec des succursales dans plusieurs villes tchèques comme Brno, Ostrava, et Pardubice.Une partie des ouvrages est imprimée en Tchécoslovaquie, tandis que l'autre provient de l'Union soviétique. En 1947, un Cercle de lecteurs est créé au sein du magazine Svět sovětů. Ce dernier commence à publier des romans soviétiques en feuilleton, dont certains seront ensuite édités en version économique par l’Union des amis de l’URSS. Les œuvres publiées traitent principalement de sujets comme la fondation des kolkhozes, le mouvement stakhanoviste, ainsi que des réminiscences de la Seconde Guerre mondiale et des actes héroïques de l'Armée rouge. Toutefois, certains auteurs permettent aux lecteurs de découvrir des régions lointaines et la culture de leurs habitant. Lidové nakladatelství publie des ouvrages éducatifs pour adultes et enfants, portant sur la connaissance de l'URSS et de ses pays satellites, ainsi que sur les minorités nationales. Les thèmes abordés sont variés, allant de la littérature au cinéma, en passant par des sujets pratiques et des orientations politiques. Pour les enfants et les jeunes, la maison édite des collections de nouvelles courtes, comme Contes traditionnels, qui propose des anthologies de contes russes, géorgiens et ukrainiens traduits des langues originales. Les livres pour enfants apparaissent rarement dans les plans éditoriaux, et concernent principalement des contes populaires. Certains titres, comme le recueil de contes russes Krása nesmírná revisité par Zdeňka Psůtková, sont publiés à plusieurs reprises. La plupart des ouvrages destinés aux enfants sont au format 15x21 cm, semi-poche, très illustrés, mais peu de livres sont reliés ou possèdent une couverture rigide. En résumé, la maison d'édition Svět sovětů puis Lidové nakladatelství joue un rôle central dans la promotion de la culture soviétique en Tchécoslovaquie, évoluant de la vulgarisation à la publication de romans, tout en s’appuyant sur des collaborations artistiques de renom. 1- http://slovnikceskeliteratury.cz/showContent.jsp?docId=1694 article de Alena Přibáňová 2- Milan Albich, Václav Bláha, Milan Erazim, Milan Hegar, Petr Holzner, Pavel Hrach, René Murat, Leo Novotný et Pavel Teimer, ainsi que Zdeněk Adla, Dobroslav Foll, Miloslav Fulín, Oldřich Hlavsa, Jan Solpera, Zdeněk Ziegler, entre autres. 3- Les illustrateurs : Eva Bednářová, Adolf Born, Pavel Brom, Albín Brunovský, Olga Čechová, Stanislav Duda, Vladimír Fuka, Karel Haloun, Karel Hruška, Miloslav Jágr, Vladimír Jiránek, Boris Jirků, Ludmila Jiřincová, Stanislav Kolíbal, Jitka Kolínská, Vladimír Komárek, Jindřich Kovařík, Oldřich Kulhánek, Alois Mikulka, Michael Rittstein, Pavel Sivko, Zdeněk Smetana, Jiří Šalamoun, Jaroslav Šerých, Vladimír Tesař, Miroslav Váša, entre autres.
- Všelijaká zvířata pro kluky a děvčata
Všelijaká zvířata pro kluky a děvčata , ( Toutes sortes d'animaux pour garçons et filles ) écrit par Christian Morgenstern, illustrations de Vratislav Hlavatý, 80 pages, éditions SNDK, 1959. Il y a quelques années, j’ai entraperçu des images de cet ouvrage Všelijaká zvířata pro kluky a děvčata (Toutes sortes d'animaux pour garçons et filles), blk;illustré par Vratislav Hlavatý et publié aux éditions SNDK en 1959. Depuis, j’essaie de mettre la main sur cet ouvrage à un prix décent. Tiré à 10 000 exemplaires, il reste pourtant difficile à trouver. Peut-être que son travail d’affichiste a complètement masqué l'apport d’Hlavatý aux livres pour enfants. Et surtout, j’avais croisé d’autres ouvrages qui, graphiquement, ne m’emballaient pas. Celui-ci, en revanche, est une pépite, entre dessin folklorique et abstraction psychédélique. Hlavatý nous embarque dans un imaginaire exotique enraciné en Tchécoslovaquie. Ici, il s’agit de moderniser et de laisser entrevoir des animaux : poissons, autruches, crocodiles… et bien d’autres, à travers un graphisme psychédélique. Silhouettes et détails sont soulignés par un large trait noir, habités d’aplats de couleurs vives. Quelques éléments extérieurs sont simplement dessinés à l’encre noire : mer, herbes… Quant aux personnages, stylisés, on les distingue par des détails comme les coiffures ou les vêtements, mais ils reposent tous sur la même base. Les animaux sont en couleur, bien que rarement fidèles à leur apparence d’origine : le rhinocéros est rouge, le crocodile a un corps vert mais une mâchoire violette, le lion peut être jaune, rouge ou orange, et les hérissons sont bleus… Pourtant, tous sont immédiatement reconnaissables ! Hlavatý utilise différentes techniques comme la plongée et la contre-plongée, accentuant la perspective du lecteur qui observe de loin, tel un chasseur ou un aventurier. La plupart des personnages humains nous fixent pour renforcer cet effet. Les couleurs, vives et chaudes, apportent chaleur et dynamisme. Le dessin fige un mouvement en pleine action et donne la sensation de l’instant capturé sur le vif. Les personnages jouent avec le lecteur, l’interpellent, qu’ils soient cachés derrière un mur ou sous la terre. Mais le véritable héros ici, c’est l’animal. Les perspectives sont tronquées, sont faussées pour à chaque fois apporter un point de vue surprenant sur l’animal évoqué. Une petite pépite, je vous dis ! Connu principalement pour son travail d’affichiste, d’illustrateur humoristique et pour sa participation dans des films d’animation, Všelijaká zvířata pro kluky a děvčata est une petite pépite "folklo-psychédélique", bien avant l’avènement du mouvement américain. Mais je n’ai pas trouvé d’autres termes pour en parler... En bref sur l'artiste : Vratislav Hlavatý est affichiste, peintre, illustrateur, et actif dans l’humour graphique et le film d’animation. Formé à l’École secondaire d’arts appliqués de Prague, puis à l’Académie des arts appliqués de Prague dans l’atelier du professeur Adolf Hoffmeister, il obtient son diplôme en 1958. Il collabore avec des magazines culturels et jeunesse, et illustre des livres pour enfants et adultes. Hlavatý participe à de nombreuses biennales internationales de gravure et d’illustration, ainsi qu’à des expositions en Tchécoslovaquie et à l’étranger. Il reçoit plusieurs distinctions, dont la Zlatá mušle (Coquille d’or) au festival d’animation de Saint-Sébastien en 1968 et des prix aux compétitions d’affiches de film de Hollywood et Chicago. Son style humoristique unique émerge dès ses premières illustrations pour les poèmes de Christian Morgenstern et dans les contes modernes de Lumír Čivrný, où il montre son talent pour la parodie hyperbolique et la stylisation géométrique. Velké, větší, největší (Les grandes aventures) de Jerzy Broszkiewicz marque son entrée dans la science-fiction, avec des thèmes techniques et poétiques. Hlavatý enrichit des récits classiques comme Tři muži ve člunu o psu nemluvě (Trois hommes dans un bateau, sans parler du chien) de Jerome K. Jerome, où il mêle fantaisie, humour et émotion. Il adapte également des œuvres pour la jeunesse polonaise, comme Cesty pana Kaňky (Les aventures de M. Kaňka) de Jan Brzechwa, où il accompagne le héros à travers des royaumes fantastiques comme Abábie, Patentónie et Vařibrady. Sa capacité à fusionner imagination, science-fiction féerique et humour visuel lui confère une place unique dans l’illustration tchèque pour enfants.
- Tajný spolek PGC
Tajný spolek PGC, écrit par Anton Ingolič (1907-1992), Stanislav Duda (1921-2008), graphiste Zdeněk Mlčoch (1921-1995), SNDK 1958.
- O smutném tygrovi
O smutném tygrovi (à propos d’un tigre triste) , écrit et illustré parAlois Mikulka, éditions SNDK ( Státní nakladatelství dětské knihy ) 1968. L'ours ne fait pas mention d'un·e graphiste. O smutném tygrovi (traduit littéralement en français par À propos d'un tigre triste ) est un livre tchèque pour enfants, écrit et illustré par Alois Mikulka, publié en 1968 par les éditions SNDK ( Státní nakladatelství dětské knihy ). Il s'agit de son sixième ouvrage pour cette maison d'édition d'État, le premier ayant été publié en 1961. L'histoire se déroule dans un cirque et met en scène un tigre souffrant d'une profonde tristesse. Le thème principal du livre tourne autour des émotions, notamment la tristesse, et explore comment les personnages de cette fable philosophique tentent de comprendre et de guérir ce tigre mélancolique. En tant que conte pour enfants, O smutném tygrovi aborde des thèmes universels tels que l'amitié, la solidarité et la quête de liberté. Ce livre se distingue par son approche sensible et délicate, rappelant aux jeunes lecteurs que même les créatures féroces peuvent avoir des émotions et des vulnérabilités. Il véhicule également un message sur la cruauté liée à l'enfermement des animaux. Alois Mikulka, en plus d'être l'auteur, est également l'illustrateur de cet ouvrage. Ses illustrations sont connues pour leur style naïf, expressif et grotesque, qui évoque l'univers des enfants. Ce style contribue à renforcer l'atmosphère mélancolique de l'histoire. Les dessins, réalisés avec des pastels gras, se caractérisent par des couleurs vives et des formes imaginatives qui captent l'attention des jeunes lecteurs tout en soutenant visuellement le récit. Le style pourrait d'ailleurs s'apparenter à la manière dont les enfants dessinent, ce qui crée une proximité avec leur univers. Le livre a été publié en 1968, une année marquante en Tchécoslovaquie à cause du Printemps de Prague, un mouvement de libéralisation politique et culturelle. Bien que O smutném tygrovi ne soit pas directement lié aux événements politiques, cette période de bouleversements a influencé la créativité et l'expression culturelle, y compris dans la littérature jeunesse. Certains artistes investissaient la littérature pour enfants par idéologie, tandis que d'autres y trouvaient une source de survie financière. L'œuvre de Mikulka reflète cette époque d'incertitude et d'exploration de nouvelles émotions, même pour les plus jeunes lecteurs. O smutném tygrovi s'inscrit dans une tradition de contes philosophiques pour enfants, permettant aux jeunes lecteurs de réfléchir sur leurs émotions à travers des récits fantastiques. Ce livre est bien plus qu'un simple conte pour enfants. Il explore les émotions humaines à travers un récit simple mais profond, enrichi par des illustrations vibrantes et expressives. L'œuvre d'Alois Mikulka reste un exemple marquant de la littérature jeunesse tchèque, grâce à sa capacité à traiter des sujets sensibles avec une imagination débordante, une sensibilité artistique et une grande liberté de ton et de style graphique, malgré la période difficile que traversait la Tchécoslovaquie . En bref sur l’artiste : Alois Mikulka (1933-2024) est un artiste multidisciplinaire, connu à la fois pour ses œuvres littéraires et visuelles. Né en 1933, il a marqué la scène artistique tchèque avec des livres pour enfants, des sculptures et des peintures. Ses livres se distinguent par une approche poétique et philosophique, avec une touche d'humour et un style graphique unique. Alois Mikulka est un auteur, illustrateur et artiste tchèque très prolifique, surtout connu pour ses ouvrages de littérature jeunesse. Il a également exploré d'autres formes d'art telles que la sculpture et la peinture. En dehors de la littérature, Mikulka est reconnu pour ses œuvres dans les arts plastiques, avec des expositions de peintures et sculptures en République tchèque et à l'étranger. Son style est souvent qualifié de surréaliste, abstrait, et empreint d'une naïveté qui reflète son travail dans la littérature jeunesse. Mikulka a influencé des générations de lecteurs en Tchécoslovaquie et au-delà. Ses œuvres se distinguent par leur style visuel unique et leur capacité à aborder des sujets philosophiques avec légèreté et imagination. Ses livres ont souvent une dimension pédagogique et émotionnelle, tout en restant accessibles et ludiques pour les enfants.
- Dům u pětiset básníků
Dům u pětiset básníků (La Maison des Cinq Cent Poètes), écrit et illustré par Alois Mikulka, graphisme Viktor Šafár, éditions Krajské Nakladatelství (Brno), 1964. Alois Mikulka illustre son premier livre pour enfants en 1961. Trois ans plus tard, il a déjà illustré une dizaine d'albums. Il utilise différentes techniques : le trait noir, les aplats de couleurs, les ombres. Mais pour ce dernier, il utilise une méthode dans laquelle il excelle : le pastel gras et les crayons de couleur. Pour certains de ses ouvrages, il ne réalisera que les couvertures et les pages de garde avec cette méthode. Mais celui-ci, Dům u pětiset básníků (La Maison des Cinq Cent Poètes), est bien différent : il est entièrement réalisé aux pastels gras et aux crayons de couleur. Dès la couverture, le ton est donné : la maison des poètes est enfermée derrière des barbelés ! La typographie manuscrite est radicale. Les lignes ne sont pas droites, et le contour des lettres dessinées est grossier. Le texte est séparé par des lignes de croix rappelant des fils barbelés. Un personnage au trait enfantin est placé en bas à gauche, faisant face au sigle de la maison d'édition KN et à la ville de Brno. Au dos de la couverture, une maison aux multiples pièces fait penser à un château. Que ce soit sur la couverture ou au dos, l’espace blanc est presque saturé. Alois Mikulka manie avec brio la narration dès les pages de garde, et cet ouvrage en est l'une des plus belles démonstrations. La page de garde d’ouverture est saturée d’une nuit bleutée traversée d’avions, de bateaux et de tanks militaires. Les couleurs sont saturées, le trait est naïf, épais, et pourtant, malgré la maladresse apparente du dessin, un équilibre, une énergie et une compréhension se dégagent. Ici, il sera question de guerre, de militaires qui amènent avec eux la nuit et la noirceur. Les pages de garde finales, en revanche, montrent un ciel lumineux éclairé par un soleil souriant et rigolo. Ses rayons arrondis apportent de la joie et de la douceur. Le ciel est traversé par des oiseaux dessinés maladroitement, et un personnage portant une couronne est représenté. Mais qui est-il ? Dès le premier coup d'œil aux pages de garde, on sait qu’il sera question d’un temps malheureux, mais que la joie reviendra à la fin. L’histoire est assez délirante, loufoque, et un tantinet mièvre. Mais le burlesque l’emporte sur la légèreté. En résumé, c’est l’histoire d’une garnison et de son méchant général qui se transforment en poètes humanistes. Une garnison de 500 soldats, dirigée par un général autoritaire et méchant, reçoit la visite d’une sorcière qui, après les avoir envoûtés par la diffusion d’un parfum, transforme tous les soldats en poètes. Un élément important est que la première chose qu’ils font en tant que poètes est de dessiner chacun leur emblème : une colombe. Le résultat est plus ou moins réussi, mais après découpage, elles prennent vie et s’envolent pour distribuer des messages : poèmes, chansons, comptines, anecdotes aux gens malheureux… Il sera aussi question d’une visite de 500 peintres et d’une grande fête, ainsi que du retour de la sorcière, qui, grâce à la poésie et à l'amour des soldats, devient belle. Cette histoire grotesque est délicieusement accompagnée des dessins de Mikulka, aux traits gras et aux formes sommaires et simplistes. On pourrait les comparer à des dessins d’enfants naïfs. Pourtant, l'équilibre des formes et des couleurs, ainsi que la lecture des images, montrent que cet univers est trop bien pensé et défini pour qu'il s'agisse de l'œuvre d’un enfant ; il s’agit bien de celle d’un artiste. Par cette parodie, calquée sur des contes classiques et bécassins, Mikulka, à travers son propos et ses dessins, nous amène à la lisière d’une fable absurde pour enchanter le cœur, l’esprit et les yeux des enfants. En bref sur l'auteur : Alois Mikulka (1933) est un peintre, sculpteur, auteur et illustrateur joyeux de livres pour enfants. Après des études aux Arts appliqués de Brno, il étudie aux Beaux-Arts de Bratislava, d'où il sort diplômé en 1958. Il se concentre essentiellement sur la création artistique, la peinture et la sculpture. Le domaine de l’illustration occupe une place relativement réduite dans son travail de création. Cependant, il illustre presque une centaine d’albums, dont certains sont encore réédités. Il écrit, dessine et peint pour différents magazines tout au long de sa carrière (Mateřídouška, Sluníčko, Sedmička pionýrů…). Il vit à Brno ! Il refusera, tout au long de sa carrière professionnelle, toute ingérence extérieure (éditeur, galeriste…) dans son travail.
- Mravenečník v početnici.
Mravenečník v početnici , écrit par Miloš Marcourek (1926-1932), illustré par Miroslav Štěpánek (1923 – 2005), graphisme de Milan Grygar (1926), éditions SNDK, collection Kulb Klub Mladých čtenářů, 1966. Je ne vais pas m’étendre sur le travail de Miroslav Štěpánek (1923 – 2005) pour lequel je ne trouve que peu d’informations sur son travail d’illustrateur de livres pour enfants1 et celui d’animateur de film travail. Peut-être que sa collaboration régulière avec un autre grand réalisateur Břetislav Pojar (1923-2012) a masqué son apport. Pourtant de nombreuses discussions avec des artistes tchèques soulignent l’importance de son univers graphique dans les films d’animation et en particulier pour celle de la série "Pojďte pane budeme si hrát"2 (« Monsieur et Monsieur »). Břetislav Pojar est à l’origine de nombreuses trouvailles visuelles en cinéma d’animation et de marionnettes. Mais Il n’est pas à l’origine de l’animation de marionnettes en semi-relief avec un côté en volume et un côté plat, que l’on retrouve dans la série « Monsieur et Monsieur », ni du dessin et de l’univers graphique ce sont des créations de de Miroslav Štěpánek. Le fait que son nom disparaisse mystérieusement des génériques est incompréhensible …. 1 - Je n’ai référencé que 5 livres pour l’instant. 2 - "Pojďte pane budeme si hrát", Rréalisateurs : Břetislav Pojar et Miroslav Štěpánek image Vladimír Malík, musique Wiliam Bukový. Deux saisons. 1ère saison 1965-1967, 6 épisodes. 2 ème saison 1970-1973, 5 épisodes. Diffusé en France par les films du préau en 2006 sous le titre de série Monsieur et monsieur. En bref sur l'artiste : Miroslav Štěpánek (1923 – 2005), il est diplômé du lycée Dvořák de Kralupy nad Vltavou, étudie brièvement l'histoire de l'art à la faculté des arts de Prague et obtient son diplôme en scénographie de la DAMU en 1950. il suit ensuite une formation artistique auprès du peintre František Tichý à l'Académie des beaux-arts. Peu de temps après, il conçoit le décor et les marionnettes pour la pièce "Gulliver v Maňáskově". Štěpánek explore a divers domaines artistiques tels que l'art graphique, les marionnettes, la caricature, la scénographie, l'illustration de livres, la typographie, la sculpture et l'infographie, se distinguant surtout dans l'art et la mise en scène d'animation. Il travaille sur des œuvres scénographiques pour le Ballet du Théâtre national et illustre des livres importants. Sa contribution à la série animée « Pojďte pane, budeme si hrát ». avec le scénariste Ivan Urban et le réalisateur Břetislav Pojar. Il invente également une technologie de marionnettes innovante, utilisée notamment dans la série sur les ours. Après des années de succès, Štěpánek se retire en 1983 en raison de désaccords de droits d'auteur avec Břetislav Pojar. Son travail pour le projet « Pojďte pane, budeme si hrát » est actuellement retiré sans explication. Štěpánek continue à défendre ses droits d'auteur, mais certaines publications omettent encore de reconnaître sa contribution. En 2003, il reçoit le "prix de l'auteur" pour l'ensemble de son œuvre dans le film d'animation tchèque, reconnaissant actuellement sa contribution à la série " Pojďte pane, budeme si hrát " et à d'autres films. Le prix Andrej Stankovič salue son engagement envers le cinéma d'animation tchèque. Miroslav Štěpánek, artiste polyvalent, laisse une empreinte indélébile sur le monde de l'animation tchèque,il est reconnu pour sa créativité et son influence significative. "Pojďte pane budeme si hrát" pour en voir plus