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Tajný lodní deník (Journal de bord secret) Ladislav Dvorský, illustré par Jan Schmid, éditions Severočeské nakladatelství, 1966.






Tajný lodní deník (Journal de bord secret) est un ouvrage illustré par Jan Schmid, qui incarne tout ce que j'aime dans les livres pour enfants tchèques. Il défie les règles habituelles de mise en page pour donner l'impression d'un véritable journal de bord ayant vécu et traversé des épreuves. Les dessins sont réalisés avec différentes techniques, allant des crayons aux pastels en passant par les encres et les tampons. Les pages présentent des griffonnages, des ratures, du texte dactylographié et des écrits à l'encre manuscrite, créant une atmosphère authentique et étonnante.

Jan Schmid joue avec le rythme en alternant des pages dactylographiées avec de courtes phrases sur une double page et des pages complètes accompagnées de partitions ou de croquis. L'utilisation de l'écriture manuscrite enfantine et maladroite ajoute au charme de l'ouvrage. On ressent une intense vivacité dans ces pages, ainsi qu'une vie foisonnante d'imprévus, de suspense, de jeux et de découvertes étranges. Jan Schmid ouvre la porte à l'extraordinaire, à la surprise et à la tension narrative, interprétant avec humour les rencontres et les découvertes.



L'avant-propos révèle qu'il s'agit du journal de bord secret d'une expédition maritime menée en secret par Martin Večerka, alias Marty, et Čestmír Klas, alias Čen. Ce serment secret est scellé par une goutte de leur sang (rose) et ils navigueront sous le signe de Neptune. Le journal de bord détaille la liste des objets à emporter, parmi lesquels un télescope, une canne munie d'une fourchette pour attraper les serpents, un réveil, trois photos (père, mère et sœur), une cloche pour convoquer l'équipage, un canon de navire et bien d'autres.

En somme, cet ouvrage offre un délicieux voyage imaginaire où chaque petit détail, insignifiant pour les adultes, revêt une grande importance pour les enfants. Les deux compères sont rejoints dans cette aventure folle par deux amies, Kambala et Titánie. Cette dernière remet en question la liste initiale, composée principalement de gâteaux secs et de poisson séché, en y ajoutant des omelettes à la confiture de groseille.

On peut soupçonner que cette expédition en mer est davantage un jeu qu'une réalité. Les points de connexion entre la réalité et l'invention sont subtilement évoqués, ce qui confère au récit une note touchante. Le jeu entre l'écriture dactylographiée et manuscrite renforce cette sensation, rythmée par les jours qui passent plutôt que par les numéros de pages ou de chapitres.

Jan Schmid a réalisé à la fois les illustrations et le graphisme, concevant les pages comme un petit théâtre de mots et d'images, intégré dans un jeu mystérieux et fascinant.

Ce livre représente également la rencontre de deux passionnés de théâtre, de deux auteurs, dramaturges, metteurs en scène et scénaristes : Ladislav Dvorský et Jan Schmid. Ce dernier dirige aujourd'hui encore le Studio Ypsilon, voué au théâtre contemporain pour adultes et enfants, ainsi qu'au théâtre de marionnettes. En 1966, c'est Ladislav Dvorský qui assume la direction de cette maison d'édition. Cependant, il est licencié et exclu de l'Union des écrivains tchèques en 1970, à l'époque où la période de normalisation brutale prend son élan. Il y a une formule que j’ai lue qui m’a ramenée à une époque soupçonnée "camarade professeur" ! Le malaise s’est installé. Il est difficile parfois de s’enchanter pour des publications crées sous un régime totalitaire.

En résumé sur les auteurs :


Jan Schmid (1936) est un dramaturge, metteur en scène, acteur, artiste, publiciste culturel, illustrateur et professeur de théâtre.

Après avoir terminé ses études aux Arts Appliqués de Prague (VŠUP/UMPRUM), Jan Schmid travaille brièvement au théâtre de Liberec en tant que concepteur et réalisateur. En 1963, il fonde le Studio Ypsilon dont il devient le directeur artistique. À partir de 1990, il en prend également la direction. Il demeure actif au sein du studio Liberec et demeure dévoué au théâtre expérimental et aux marionnettes. Durant sa carrière il collabore à de nombreux films. Jusqu'à présent, j'ai identifié 3 livres pour enfants dont il a réalisé les illustrations.


Ladislav Dvorský (1931-1995) est un écrivain tchèque, auteur de livres pour enfants et pour jeunes, poète, romancier, dramaturge, publiciste, linguiste et traducteur. En 1953, il obtient son diplôme en tchèque et en russe à la Faculté d'Éducation de l'Université Charles de Prague. De 1953 à 1959, il enseigne dans les écoles professionnelles de Teplice et de Liberec. Il reprend ensuite des cours à distance et en 1969, il soutient sa thèse en phonétique et obtient le titre de PhD. De 1959 à 1961, il est maître de conférences au Département de Langues de l'Université d'Ingénierie de Liberec.

En 1965, il devient directeur à la maison d'édition Severočeský ; cependant, dès 1970, il est licencié et exclu de l'Union des écrivains tchèques. Dans les années 1970 et 1980, il ne trouve pas d'emploi stable - il enseigne les langues étrangères en privé, joue du violon dans un orchestre thermal, dirige un groupe théâtral, enseigne à l'école d'art populaire de Česká Lípa et pendant deux ans, il conseille la section culture linguistique des diffuseurs tchèques de la télévision. En 1990, il devient directeur de la maison d'édition Liberecký tiskáren (LIT), en 1991, il est nommé professeur adjoint à la Faculté d'Éducation de l'Université Charles, et à partir de 1992, il devient rédacteur en chef du service éditorial. Il réalise également de nombreuses traductions.

Il écrit une trentaine de livres pour enfants et crée un personnage espiègle nommé Bubetka, illustré par Miloš Nesvadba (1925-2020).









Severočeské nakladatelství, dont le nom complet est Severočeské krajské nakladatelství (maison d'édition de la Bohême du nord) (1960-1992), est né de la fusion de deux maisons d'édition régionales, à savoir Liberecké knižní nakladatelství (KLN) et Ústecké nakladatelství (KN). En 1965, Ladislav Dvorský (1931-1995) est devenu directeur, occasionnant ainsi un changement de nom et une fusion avec les imprimeurs de Liberecký, qui avaient été séparés de l'entreprise Severografie. De début 1969 jusqu'en mars 1970, grâce à cette association avec une imprimerie moderne, la maison d'édition a été en mesure de mieux affronter les défis contemporains de l'industrie graphique. Par conséquent, elle a pu considérablement élargir sa production dès le début des années 70. Sous la coupe du régime, la maison d’édition se développe mais est incapable de se réinventer après 1989 !





















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